1.3 Outils de diagnostic
Une fois la meilleure droite de régression obtenue, le travail est loin d’être terminé. Il se peut que le nuage de point ne soit pas tout-à-fait linéaire, que sa dispersion ne soit pas homogène, que les résidus n’aient pas une distribution normale, qu’il existe des valeurs extrêmes aberrantes, ou qui tirent la droite vers elle de manière excessive.
Nous allons maintenant devoir diagnostiquer ces possibles problèmes. L’analyse des résidus permet de le faire. Ensuite, si deux ou plusieurs modèles sont utilisable, il nous faut décider lequel conserver. Enfin, nous pouvons aussi calculer et visualiser l’enveloppe de confiance du modèle et extraire une série de données de ce modèle.
1.3.1 Analyse des résidus
Le tableau numérique obtenu à l’aide de summary()
peut faire penser que l’étude d’une régression linéaire se limite à quelques valeurs numériques et divers tests d’hypothèses associés. C’est un premier pas, mais c’est oublier que la technique est essentiellement visuelle. Le graphique du nuage de points avec la droite superposée est un premier outil diagnostic visuel indispensable, mais il n’est pas le seul ! Plusieurs graphiques spécifiques existent pour mettre en évidence diverses propriétés des résidus qui peuvent révéler des problèmes. Leur inspection est indispensable et s’appelle l’analyse des résidus. Les différents graphiques sont faciles à obtenir à partir des snippets.
Le premier de ces graphique permet de vérifier la distribution homogène des résidus. Dans une bonne régression, nous aurons une distribution équilibrée de part et d’autre du zéro sur l’axe Y. Que pensez-vous de notre graphique d’anayse des résidus ? Nous avons une valeur plus éloignée du zéro qui est mise en avant par la courbe en bleu qui montre l’influence générale des résidus.
#plot(lm., which = 1)
lm. %>.%
chart(broom::augment(.), .resid ~ .fitted) +
geom_point() +
geom_hline(yintercept = 0) +
geom_smooth(se = FALSE, method = "loess", formula = y ~ x) +
labs(x = "Fitted values", y = "Residuals") +
ggtitle("Residuals vs Fitted")
Le second graphique permet de vérifier la normalité des résidus (comparaison par graphique quantile-quantile à une distribution normale).
#plot(lm., which = 2)
lm. %>.%
chart(broom::augment(.), aes(sample = .std.resid)) +
geom_qq() +
geom_qq_line(colour = "darkgray") +
labs(x = "Theoretical quantiles", y = "Standardized residuals") +
ggtitle("Normal Q-Q")
Le troisième graphique va standardiser les résidus, et surtout, en prendre la racine carrée. Cela a pour effet de superposer les résidus négatifs sur les résidus positifs. Nous y diagnostiquons beaucoup plus facilement des problèmes de distribution de ces résidus. A nouveau, nous pouvons observer qu’une valeur influence fortement la régression.
#plot(lm., which = 3)
lm. %>.%
chart(broom::augment(.), sqrt(abs(.std.resid)) ~ .fitted) +
geom_point() +
geom_smooth(se = FALSE, method = "loess", formula = y ~ x) +
labs(x = "Fitted values",
y = expression(bold(sqrt(abs("Standardized residuals"))))) +
ggtitle("Scale-Location")
Le quatrième graphique met en évidence l’influence des individus sur la régression linéaire. Effectivement, la régression linéaire est sensible aux valeurs extrêmes. Nous pouvons observer que nous avons une valeur qui influence fortement notre régression. On utilise pour ce faire la distance de Cook que nous ne détaillerons pas dans le cadre de ce cours.
#plot(lm., which = 4)
lm. %>.%
chart(broom::augment(.), .cooksd ~ seq_along(.cooksd)) +
geom_bar(stat = "identity") +
geom_hline(yintercept = seq(0, 0.1, by = 0.05), colour = "darkgray") +
labs(x = "Obs. number", y = "Cook's distance") +
ggtitle("Cook's distance")
Le cinquième graphique utilise l’effet de levier (Leverage) qui met également en avant l’influence des individus sur notre régression. Il répond à la question suivante : “est-ce qu’un ou plusieurs points sont tellement influents qu’ils tirent la régression vers eux de manière abusive ?” Nous avons à nouveau une valeur qui influence fortement notre modèle.
#plot(lm., which = 5)
lm. %>.%
chart(broom::augment(.), .std.resid ~ .hat %size=% .cooksd) +
geom_point() +
geom_smooth(se = FALSE, size = 0.5, method = "loess", formula = y ~ x) +
geom_vline(xintercept = 0) +
geom_hline(yintercept = 0) +
labs(x = "Leverage", y = "Standardized residuals") +
ggtitle("Residuals vs Leverage")
Le sixième graphique met en relation la distance de Cooks et l’effet de levier. Notre unique point d’une valeur supérieur à 0.5 m de diamètre influence fortement notre modèle.
#plot(lm., which = 6)
lm. %>.%
chart(broom::augment(.), .cooksd ~ .hat %size=% .cooksd) +
geom_point() +
geom_vline(xintercept = 0, colour = NA) +
geom_abline(slope = seq(0, 3, by = 0.5), colour = "darkgray") +
geom_smooth(se = FALSE, size = 0.5, method = "loess", formula = y ~ x) +
labs(x = expression("Leverage h"[ii]), y = "Cook's distance") +
ggtitle(expression("Cook's dist vs Leverage h"[ii] / (1 - h[ii])))
A l’issue de l’analyse des résidus, nous abservons donc différents problèmes qui suggèrent que le modèle choisi n’est peut être pas le plus adapté. Nous comprendrons pourquoi plus loin.
A vous de jouer
Démarrez la SciViews Box et RStudio. Dans la fenêtre Console de RStudio, entrez l’instruction suivante suivie de la touche Entrée
pour ouvrir le tutoriel concernant les bases de R :
BioDataScience2::run("01b_reg_lin")
N’oubliez pas d’appuyer sur la touche ESC
pour reprendre la main dans R à la fin d’un tutoriel dans la console R.
Pièges et astuces : extrapolation
Notre régression linéaire a été réalisée sur des cerisiers noirs dont le diamètre est compris entre 0.211 et 0.523 mètre. Pensez vous qu’il soit acceptable de prédire des volumes de bois pour des arbres dont le diamètre est inférieur ou supérieur à nos valeurs minimales et maximales mesurées (extrapolation) ?
Utilisons notre régression linéaire afin de prédire 10 volumes de bois à partir d’arbre dont le diamètre varie entre 0.1 et 0.8m.
new <- data.frame(diameter = seq(0.1, 0.7, length.out = 8))
Ajoutons une variable pred
qui contient les prédictions en volume de bois. Observez-vous un problème particulier sur base du tableau ci-dessous ?
new %>.%
modelr::add_predictions(., lm.) -> new
new
# diameter pred
# 1 0.1000000 -0.482324424
# 2 0.1857143 0.002092891
# 3 0.2714286 0.486510206
# 4 0.3571429 0.970927522
# 5 0.4428571 1.455344837
# 6 0.5285714 1.939762152
# 7 0.6142857 2.424179468
# 8 0.7000000 2.908596783
Il est peut-être plus simple de voir le problème sur un nuage de points. Pour un diamètre de 0.1857143 m de diamètre, le volume de bois est de 0 mis en avant par l’intersection des lignes pointillées bleues.
chart(trees, volume~diameter) +
geom_hline(yintercept = 0, linetype = "dashed", color = "grey") +
geom_vline(xintercept = new$diameter[2], linetype = "twodash", color = "blue") +
geom_hline(yintercept = new$pred[2], linetype = "twodash", color = "blue") +
geom_point() +
geom_abline(aes(intercept = lm.$coefficients[1], slope = lm.$coefficients[2])) +
geom_point(data = new, f_aes(pred~diameter), color = "red")
Le volume de bois prédit est négatif ! Notre modèle est-il alors complètement faux ? Rappelons-nous qu’un modèle est nécessairement une vision simplifiée de la réalité. En particulier, notre modèle a été entraîné avec des données comprises dans un intervalle. Il est alors valable pour effectuer des interpolations à l’intérieur de cet intervalle, mais ne peut pas être utilisé pour effectuer des extrapolations en dehors, comme nous venons de le faire.
trees %>.%
modelr::add_predictions(., lm.) -> trees
chart(trees, volume~diameter) +
geom_point() +
geom_line(f_aes(pred ~ diameter))
Pièges et astuces : significativité fortuite
Gardez toujours à l’esprit qu’il est possible que votre jeu de données donne une régression significative, mais purement fortuite. Les données supplémentaires de test devraient alors démasquer le problème. D’où l’importance de vérifier/valider votre modèle.
Le principe de parcimonie veut que l’on ne teste pas toutes les combinaisons possibles deux à deux des variables d’un gros jeu de données, mais que l’on restreigne les explorations à des relations qui ont un sens biologique afin de minimiser le risque d’obtenir une telle régression de manière fortuite.
1.3.2 Enveloppe de confiance
De même que l’on peut définir un intervalle de confiance dans lequel la moyenne d’un échantillon se situe avec une probabilité donnée, il est aussi possible de calculer et de tracer une enveloppe de confiance qui indique la région dans laquelle le “vrai” modèle se trouve avec une probabilité donnée (généralement, on choisi cette probabilité à 95%). Voici ce que cela donne :
lm. %>.% (function(lm, model = lm[["model"]], vars = names(model))
chart(model, aes_string(x = vars[2], y = vars[1])) +
geom_point() +
stat_smooth(method = "lm", formula = y ~ x))(.)
Cette enveloppe de confiance est en réalité basée sur l’écart type conditionnel (écart type de \(y\) sachant quelle est la valeur de \(x\)) qui se calcule comme suit :
\[s_{y|x}\ =\ \sqrt{ \frac{\sum_{i = 0}^n\left(y_i - \hat y_i\right)^2}{n-2}}\]
A partir de là, il est possible de définir également un intervalle de confiance conditionnel à \(x\) :
\[CI_{1-\alpha}\ =\ \hat y_i\ \ \pm \ t_{\frac{\alpha}{2}}^{n-2} \frac{s_{y|x}\ }{\sqrt{n}}\]
C’est cet intervalle de confiance conditionnel qui est matérialisé par l’enveloppe de confiance autour de la droite de régression représentée sur le graphique.
1.3.3 Extraire les données d’un modèle
La fonction tidy()
du package broom
extrait facilement et rapidement sous la forme d’un tableau différentes valeurs associées à votre régression linéaire.
(DF <- broom::tidy(lm.))
# # A tibble: 2 x 5
# term estimate std.error statistic p.value
# <chr> <dbl> <dbl> <dbl> <dbl>
# 1 (Intercept) -1.05 0.0955 -11.0 7.85e-12
# 2 diameter 5.65 0.276 20.4 9.09e-19
Pour extraire facilement et rapidement sous la forme d’un tableau de données les paramètres de votre modèle vouys pouvez aussi utiliser la fonction glance()
.
(DF <- broom::glance(lm.))
# # A tibble: 1 x 11
# r.squared adj.r.squared sigma statistic p.value df logLik AIC BIC
# <dbl> <dbl> <dbl> <dbl> <dbl> <int> <dbl> <dbl> <dbl>
# 1 0.935 0.933 0.121 418. 9.09e-19 2 22.6 -39.2 -34.9
# # … with 2 more variables: deviance <dbl>, df.residual <int>
Vous avez des snippets à votre disposition pour ces deux fonctions :
... -> models ..m -> .models tools .mt -> .mtmoddf
ou encore ... -> models ..m -> .models tools .mt -> .mtpardf
A vous de jouer
Vous avez à votre disposition la première assignation GitHub Classroom.
Pour l’année académique 2019-2020, les URLs à utiliser pour accéder à votre tâche sont les suivants :
Cours de Sciences des données II à Mons : https://classroom.github.com/a/bvqsukEO
- Pour les autres utilisateurs de ce livre, veuillez faire un “fork” du dépôt eucalyptus. Si vous souhaitez accéder à une version précédente particulière de l’exercice, sélectionnez la release correspondante à l’année que vous recherchez.